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L'océan du changement

C'est au Sri Lanka que j'ai surfé ma VRAIE première vague. C'est perchée sur ma planche, ma main caressant le creux d'une belle droite, que j'ai compris. Quelque chose allait changer. Et c'est moi qui était entrain de provoquer ce changement. Quoi de plus de beau que de se dire " Je peux ! " ? 

En décidant de vivre ailleurs qu'en France, j'avais plusieurs impératifs à tenir. Je devais en premier lieu, trouver de l'argent pour subvenir à mes besoins. Puis, je devais faire en sorte de me lever le matin avec la sensation de me sentir vivante. Deux impératifs bien distincts, et qui, au final, ne vont pas l'un, sans l'autre. J'ai donc picoré mes dernières économies afin de pouvoir louer une petite maison au bord de l'océan S.K Town. Here i am.   

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Sur la droite c'était ma rue. Sur la gauche, ma maison.

 

S.K Town, c'est... unique. Une jolie plage de 3 kilomètres située à l'extrême sud de l'île, un petit coin de paradis où le monde se retrouve.

En louant une de mes deux chambres aux touristes, j'ai pu voyager en restant chez moi. Des Australiens, des Tchèques, des Allemands, des Suédois, des Libanais, des Californiens, des Israéliens, des Portugais, et j'en passe !  A défaut de faire le tour du monde, le monde venait à moi. J'ai appris à vivre local, tout en apprenant à vivre "mondial". Et ça... c'est un cadeau inestimable. 

Dans l'eau, j'avais une sensation de puissance, pas forcément physique, je parlerais plutôt d'une puissance mentale. C'est elle qui m'a donné l'envie de faire plus. De donner un vrai sens à ma vie en m'autorisant à devenir l'être indépendant que j'ai toujours cherché à devenir.

Un jour, après avoir confondu une méduse avec un sac plastique, ou peut-être l'inverse, je ne sais plus... j'ai compris qu'il était temps de mettre en pratique dans mon quotidien ce que j'apprenais sur une planche de surf : prendre position. Si tu veux te lever, lève toi. Si tu veux que ça change... lève toi !

J'ai donc arpenté la petite colline derrière chez moi à la recherche de planches de bois. Hormis les araignées jaunes et les varans, j'ai tout de même dégotés trois petites planches que j'allais pouvoir utiliser à bonne escient. 

Mon but ? Changer le monde. Oui c'est pas le plus simple, je vous l'accorde.

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Sur la première planche, j'avais inscrit " Small acts when multiplied by million people can save the world...", si je traduis, ça donne un truc du genre "Quand les petites actions sont multipliées par des millions de gens, elles peuvent sauver le monde". Phrase qui n'est pas de moi mais d'Howard Zinn et qui résume beaucoup, je trouve.

Sur une autre " If you won't protect the ocean, who will ? " , "Si vous ne voulez pas protéger l'océan, qui le voudra ? ". 

Puis sur la dernière "Trash" avec une flèche indiquant les jolis sacs poubelles, que je venais changer tout les matins après ma session surf. J'avais commencé à agir.

Mais, changer le monde est une chose. Devenir une Femme forte et indépendante en est une autre. Le fait de me réaliser comme tel dans un pays qui se trouve à plus de 7000km de celui dans lequel j'ai grandit et qui est aussi loin en distance qu'en moeurs n'est pas évident. Pourtant... j'y ai fait mon petit bonhomme de chemin.

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Mais ça n'allait pas s'arrêter là... car c'est justement en changeant une de ces  poubelles, que j'ai rencontré mon premier client. Un italien au Sri Lanka pour 1 mois, passionné de surf, à la recherche d'un photographe afin d'immortaliser une de ses sessions.

Dans ma tête, ça n'a fait qu'un tour. "I can do it". Après tout, la photo c'est une de mes passions, le surf aussi, j'ai un bon appareil, j'ai déjà fait des shooting, je peux m'improviser photographe de surf

C'est comme ça que j'ai commencé à faire autre chose, que changer les draps des lits et les sacs poubelles. 

J'avais même dessiné une belle affiche que j'avais photocopié et posé dans les guesthouses du coin. Je faisais mes shooting le matin puis je passais le reste de ma journée dans l'eau.

Puis, j'ai eu envie de plus. Matara, la ville proche de chez moi, renfermait une longue rue remplie de magasins de tissus. Une autre de mes passions ? La création et la mode !

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J'ai commencé par créer des attrapes rêves, pour offrir, décorer, m'amuser. Jusqu'à cette après-midi de novembre où une suédoise à débarqué chez moi en tombant amoureuse de l'un d'eux.

"C'est magnifique Mimi ! Combien ça coute ? "Euh... 2 500 roupies..." j'ai répondu. Ce qui correspond à 13 euros et 89 centimes...  Elle à tout de suite posé l'argent sur ma table en me regardant avec des yeux émerveillés. Elle était tellement heureuse que je lui ai rendu ses roupies pour lui offrir ! Une sensation de clairvoyance m'a alors parcouru et c'est là que j'ai eu nouvelle idée ...

 J'ai su au plus profond de moi ce qui m'attirai vraiment : Rendre les gens heureux.

Dès cet instant, mon chemin de vie est devenu si lumineux et éclairé que tout à découlé naturellement... Mais non sans mal. 

Ce que j'ai mis du temps à expliquer, c'est la VRAIE raison de la création de Kurulla...

Le combat que j'ai mené pendant 1 an et demi, seule face au déni. Un quotidien qui ferai rêver n'importe quel créateur de contenu. Au milieu de palmiers gigantesques, d'une eau à 25 degrés et de paysages paradisiaques , il y aussi le quotidien de Femmes qui se taisent. 

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C'est donc pour elles que j'ai eu envie de me battre. J'ai eu envie de créer une sphère dans laquelle elles pouvaient se sentir libre et en sécurité

J'avais pour projet d'aider toutes ces femmes en leur proposant de travailler AVEC moi contre un salaire qui les aiderai à prendre leur indépendance et s'envoler vers d'autres horizons. J'avais pour mission de les libérer.

C'est alors, qu'au bon moment, au bon endroit, l'une d'elles est devenue mon premier trésor : ma couturière.

Et Kurulla à vu le jour. 

Kurulla qui signifie Oiseau en Cingalais, car un oiseau c'est libre, il vole et ne tombe pas.

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Mon salon est devenu un showroom décoré par des robes fluides et colorées, des attrapes rêves, des kimonos légers et originaux et des pochettes qui se vendaient comme des sucettes ! 

Puis j'ai du rentrer en France... ce que je dis la plupart du temps sur la raison de mon retour c'est que ma famille me manquait et que j'avais besoin de faire des formations en France pour rendre Kurulla légitime. Ce que j'en retiens aujourd'hui, c'est que j'ai fait de mon mieux pour donner à ces femmes une chance de s'en sortir. Mais seule, à 22 ans, face à ce monde que je ne pouvais contrôler, j'ai du les abandonner pour pouvoir sauver le petit être que j'étais. Je n'avais pas la force de me battre pour TOUTES et je ne savais pas comment m'y prendre. Alors, je suis partie et j'ai embarqué avec moi l'Oiseau qui avait pour mission de ne pas me faire tomber.

 

Alors Kurulla, c'est quoi maintenant ?

 

De l'amour, de la passion, de la persévérance, un rêve, une force. Une sorte de vengeance sur la vie et un hommage perpétuel que je gardais jusqu'à aujourd'hui secret. Mais sachez que chaque robe créee, chaque kimono fabriqué, chaque petit bonheur que je crée sont parsemé de souvenirs tendres pour ces femmes courageuses et inoubliables.

Kurulla c'est l'oiseau qui volera toujours au delà des vagues et des montagnes. C'est la sphère paisible des femmes du monde qui veulent donner à leur vie l'indépendance et la légèreté d'un soleil qui se lève et qui se couche sur les peurs et les jugements qui nous entourent.

Bienvenue parmi nous.

 

Coconut kisses, Mimi. 

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